L’hypothyroïdie : une pathologie en progression et souvent sous diagnostiquée.
L’hypothyroïdie est une pathologie due à un déficit en hormones thyroïdiennes. Elle se caractérise par un ralentissement de la majorité des fonctions de l'organisme.
La forme d’hormone active est constituée par la T3 (tri-iodothyronine) qui est produite par :
- la thyroïde (20%)
- dans le foie par la conversion du T4 en T3 (80%)
La transformation de T4 en T3 est sous la dépendance de plusieurs nutriments dont l’Iode, zinc, le sélénium, la Tyrosine, le magnésium, le cuivre et les vitamines A et E.
Pour que la T3 puisse agir, il faut qu’elle entre dans la cellule et elle a alors besoin de la présence de la cortisone, de la vitamine D, du fer et du zinc.
Elle peut être découverte au décours des tests biologiques d’exploration suite à des symptômes comprenant une intolérance au froid, une fatigue et une prise de poids. Les signes peuvent comprendre un aspect typique du visage, une lenteur de la parole qui est rauque et une peau sèche. Le diagnostic est fait par les tests des fonctions thyroïdiennes.
La prévalence de l’hypothyroïdie est élevée, estimée à 2,5% à 14 % de la population.
La disparité est liée à l’âge des populations étudiées et aux critères de diagnostic retenues.
A noter que la prévalence augmente avec l’âge et atteint jusqu’à 16 % chez les femmes au-delà de 60 ans.
La thyroïde: le régulateur central de l’organisme
La thyroïde est une glande située au niveau du cou , en forme de papillon , qui libère des hormones thyroïdiennes T3 et T4 nécessaires et indispensables à la vie. Celles-ci interviennent sur toutes les fonctions de notre organisme :
- de la croissance osseuse
- le développement et la croissance du Système Nerveux Central
- la régulation de la glycémie et des graisses
- la consommation de l’énergie
- la régulation de la température du corps
- le rythme cardiaque
- Le fonctionnement des appareils digestif et génital
Sans hormones thyroïdiennes, nous sommes incapables de produire de l’énergie nécessaire à notre corps. Pour qu’elles puissent exercer son action, il faut qu’elle entre dans la cellule, et de là, elles influencent directement le fonctionnement de notre organisme (circulation sanguine, maintien de la température corporelle, fonctionnement optimal du cerveau…)
La production et la transformation des hormones thyroïdiennes nécessitent la Tyrosine, l’iode, et des micronutriments tels que le sélénium, le zinc, le magnésium, le manganèse, le fer, le molybdène, le cuivre et les vitamines A , B (dont B12) et E.
La T4 se transforme pour 40% en T3 (forme active) et pour 60% en T3 reverse par l’élimination d’une molécule d’iode grâce à un enzyme qui est la désiodase.
La T3 reverse est la forme d’élimination de T4 et permet de réguler le taux de T3.
Les hormones thyroïdiennes sont dégradées dans le foie et dans les reins, ce qui implique qu’une pathologie hépatique ou rénale peut se répercuter sur le taux de celles-ci et donc sur leur fonctionnement.
Mode de libération des hormones thyroïdiennes :
L’hypothalamus sécrète la TRH qui stimule l’hypophyse.
L’hypophyse sécrète la TSH qui stimule la glande thyroïde.
Si la TSH est élevée (> 4 mUI/L), il y a hypothyroïdie
Si la TSH est basse (<0,4mUI/L) il y a hyperthyroïdie.
Les signes de l’hypothyroïdie :
L'hypothyroïdie survient à tout âge mais est particulièrement fréquente chez les personnes âgées; dans ce cas elle se présente de façon subtile et elle peut être difficile à reconnaître. Une hypothyroïdie peut être :
- Primaire: causée par une insuffisance de la thyroïde
- Secondaire: causée par un dérèglement de l'hypophyse
- Tertiaire : causée par un dérèglement de l'hypothalamus
Parfois, sans que la glande thyroïde ne présente de caractère anormal, l’hypothyroïdie peut être liée à un dérèglement hormonal en lien avec d’autres facteurs : stress chroniques, post grossesse par exemple. On parle alors d’hypothyroïdie fonctionnelle.
Pour savoir si vous êtes concernée par l’hypothyroïdie, vous pouvez l’évaluer en répondant le questionnaire ci-dessous :
Adressez-vous à votre médecin afin qu’il en fasse le diagnostic, si nécessaire.
Des symptômes très variés :
La symptomatologie peut être discrète, insidieuse et peu spécifique.
Il peut y avoir un ralentissement du métabolisme ( fatigue, ralentissement de l’état général, trouble du sommeil, de la mémoire et de la concentration, maux de tête, constipation, frilosité…), des atteintes oculaires ( gonflement périorbitaire, paupières tombantes), dermatologiques (peau sèche , craquelée et /ou épaissie, paumes de mains orangées, visage et corps boudinés, cheveux secs et cassants), des muqueuses (hypoacousie), perte de poils (queue de sourcils), démangeaisons…) en passant par des perturbations cardiaques (bradycardie), des douleurs musculaires et articulaires ainsi que des perturbations des cycles menstruels de la femme, de l’infertilité ou des troubles de la libido…
La difficulté à perdre du poids peut interpeller.
Des périodes de la vie où le risque est plus prédominant :
- l’adolescence
- la grossesse
- la période du post-partum
- la ménopause
- l’âge.
Les causes de l’hypothyroïdie :
- Soit la thyroïde ne fabrique pas assez d’hormones thyroïdiennes
- Soit il y en assez, mais elles n’arrivent pas à exercer leur action (ex : difficulté de pénétration dans la cellule par exemple) ou encore la transformation de T4 en T3 (forme active) ne se fait pas bien (ex : carences de cofacteurs nécessaires à la transformation).
1) Production insuffisante en hormones thyroïdiennes :
Ce sont :
- soit des hypothyroïdies secondaires dues à des insuffisances hypophysaires ou hypothalamiques
Une hypothyroïdie secondaire se produit lorsque l'hypothalamus produit une quantité insuffisante de thyrotropin-releasing hormone (TRH) ou quand l'hypophyse produit une quantité insuffisante de TSH.
- ou des hypothyroïdies d’origine thyroïdienne
Ce sont les formes les plus fréquentes.
Elles peuvent être avec goître, ce qui est assez inhabituel, c’est le cas de la thyroïdite d’Hashimoto (maladie auto-immune avec un taux élevé en auto-anticorps anti-TPO et anti TG), la thyroïdite de Quervain, inflammatoire et douloureuse qui se manifeste après une période infectieuse respiratoire et qui se manifeste d’abord par une hyperthyroïdie, ou des goitres médicamenteux (suite au traitement par l’amiodarone, lithium…, ou par carence d’iode.)
Elles peuvent être sans goître, c’est le cas des hypothyroïdies primitives pour lesquelles on ne connaît pas l’étiologie (2 % des cas) et des hypothyroïdies post-thérapeutiques généralement anticancer (ablation de la thyroïde ou irradiation de la région cervicale…).
2) Problème de transformation de T4 en T3 et formation préférentielle en T3 reverse
La T3 est la forme active et elle est formée à partir de la T4.
Mais il existe des cas où la T4 ne donne pas la T3, mais la T3 reverse.
Certaines situations favorisent cette formation préférentielle de rT3 :
Jeûne, dénutrition, obésité, tabagisme, inflammation chronique, des maladies au long cour, ménopauses...
Déficits en micronutriments (soit par une alimentation déséquilibrée soit suite à une hyper perméabilité intestinale et donc à un défaut d’absorption des micronutriments indispensables à la transformation de T4 en T3)
Stress physique ou émotionnel (le cortisol et la vitamine D sont nécessaires à l’action des hormones thyroïdiennes, l’excès en augmente la résistance cellulaire et le déficit en empêche la pénétration cellulaire, empêchant ainsi leurs actions.
Insuffisances hépatiques ou rénales ou le diabète
Certains médicaments tels que les bêta bloquants, amiodarone, les anti- inflammatoires (les glucocorticoïdes inhibent le TSH), le lithium ou les œstrogènes…
Les polluants, divers métaux lourds, fluor, brome, perturbateurs endocriniens…
Diagnostic de l’hypothyroïdie
S’effectue généralement grâce à 2 dosages :
- La TSH (dosage prioritaire)
Cependant ce taux est à prendre avec précaution car ne reflète pas toujours l’état réel de la fonction thyroïdienne. Il faut donc toujours le considérer en rapport avec la clinique.
En effet la concentration de la TSH varie selon l’âge, le moment de la journée et d’autre part peut fluctuer lors de la grossesse, le jeûne, la dénutrition, l’alcoolisme, le stress, …
Il est à noter que le fer, le calcium, les œstrogènes, les inhibiteurs de la pompe à protons peuvent augmenter le taux de TSH.
- La T4 libre
Comment traite-t-on l’hypothyroïdie ?
Le traitement consiste à compenser le déficit hormonal par l’administration d’hormones thyroïdiennes.
Il s’agit de trouver la dose juste qui confère au patient un bien-être clinique, et ceci peut prendre entre 6 mois à 1 an.
La lévothyroxine (T4), dont la dose est à adapter jusqu'à ramener la TSH dans la zone moyenne de la normale (1)
La lévothyroxine est préférentiellement utilisée; la dose d'entretien habituelle est de 75 à 150 mcg par voie orale 1 fois/jour, à adapter en fonction de l'âge, de l'indice de masse corporelle et l'absorption.
La prise du lévothyroxine s’effectue toujours à jeun et à heure fixe, en général 30 minutes avant le petit déjeuner.
Chez les patients souffrant de maladies cardiaques, le traitement commence par de faibles doses, habituellement de 25 mcg 1 fois/jour. La dose est ajustée toutes les 6 semaines jusqu'à atteindre la dose d'entretien. Il peut être nécessaire d'augmenter la dose d'entretien chez la femme enceinte. Il peut être également nécessaire d'augmenter les doses en cas d'absorption concomitante de médicaments qui diminuent l'absorption de la T4 ou qui augmentent sa clairance métabolique.
En cas d'hypothyroïdie secondaire, la lévothyroxine ne doit pas être administrée tant que la normalité de la sécrétion du cortisol n'a pas été vérifiée (ou qu'un traitement par cortisol a été administré), car la lévothyroxine peut entraîner une insuffisance surrénalienne aiguë.
Interférences possibles :
Plantes et médicaments à limiter/éviter en cas d’hypothyroïdie traitée ou non | Effets |
---|---|
Soja et phytoœstrogènes (trèfle rouge, sauge, graines de lin...) | Diminuent l’absorption intestinale des hormones thyroïdiennes et inhibent la thyroperoxydase |
Les aliments goitrogènes : arachides, brocolis, choux, cresson, millets navet, patate douce, radis, moutarde | Empêche l’absorption ou l’utilisation de l’iode |
Compléments alimentaires content des extraits d’algues (fucus) | Riches en iode, sont bénéfiques mais peuvent interférer avec le traitement |
Pamplemousse | |
|
Diminuent l’absorption des hormones thyroïdiennes |
Anticoagulants oraux | Les hormones thyroïdiennes majorent l’activité hémorragique des anticoagulants |
Antidépresseurs tricycliques | Ont un effet majoré par les hormones thyroïdiennes |
Précautions à prendre :
- En cas de diabète, les hormones thyroïdiennes étant hyperglycémiantes, il faut une surveillance renforcée et une adaptation de posologie si nécessaires.
- En cas de maladies cardiaques, comme les hormones thyroïdiennes augmentent le travail du cœur et les besoins de celui-ci en oxygène, le début de traitement se réalise par des doses réduites jusqu’à atteindre la posologie optimale
Quels sont les meilleurs aliments pour la thyroïde?
Pour assurer un fonctionnement optimal de sa thyroïde et éviter certaines situations d'hypothyroïdie, il faut veiller à consommer des aliments qui apportent les nutriments indispensables à la synthèse des hormones thyroïdiennes. C'est-à-dire des aliments qui contiennent de l'iode et/ou du sélénium.
Consommer des aliments riches en iode
L'iode est indispensable aux hormones thyroïdiennes, il en est un constituant essentiel. Sans iode, la thyroïde est incapable de synthétiser les hormones T3 et T4, il faut donc consommer des aliments qui contiennent de l'iode. Chez l'adulte, les besoins journaliers en iode sont de 150 µg et sont portés à 200µg au cours de la grossesse et de l'allaitement. Au cours et avant la grossesse, il faut veiller à avoir un apport en iode suffisant, car sa carence est à l'origine d'anomalies mentales et de troubles psychomoteurs.
Si un déficit en apport d'iode est néfaste, l'excès l'est également et peut entraîner un problème dans le métabolisme de la thyroïde.
En France, on trouve du sel de table enrichi en iode (le sel iodé), c'est une mesure de santé publique pour participer à l'apport en iode.
On risque d’être carencé en iode si
- vous êtes enceinte ou si vous allaitez
- vous êtes sportif ( transpiration)
- vous suivez un régime pauvre en sel
- vous fumez ( le tabac freine l’absorption de l’iode par l’organisme)
- vous êtes végétariens ou végétaliens ( la viande et le poisson et les laitages sont des sources importantes en iode)
Les aliments les plus riches en iode sont:
- Les algues comme l’algue laminaire (ou kombu breton: le top de l'apport en iode), la gracilaire, le kombu, le wakamé, l'algue nori constituent de loin les aliments les plus riches en iode
- Les fruits de mer
- Le foie de morue
- Les œufs de saumon ou de cabillaud
- Les poissons comme l’églefin, le haddock, la morue, le merlan, le thon
- Dans une moindre mesure: les œufs, les produits laitiers et céréalier
Consommer des aliments qui contiennent du sélénium
Les sélénoprotéines de la thyroïde ont besoin de sélénium pour leur fonctionnement. Il faut donc consommer des aliments riches en sélénium et éviter toute carence pour s'assurer de leur efficacité optimale. L'ANSES considère que 70 µg/j de sélénium sont suffisants chez l'adulte et la femme enceinte. Chez la femme allaitante, ce besoin est porté à 85µg/j.
A savoir: le sélénium est important pour le métabolisme des hormones thyroïdiennes, mais également pour les défenses antioxydantes. C'est aussi un chélateur des métaux lourds.
Les aliments les plus riches en sélénium sont:
- Le kombu royal
- Les poissons tels que la lotte, le grenadier de roche, le thon, le mulet, le cabillaud, le maquereau, le lieu noir
- Les abats: foies et rognons
- Les noix du brésil
- Les œufs
- Les crustacés comme le crabe ou l'écrevisse
Veiller à avoir un apport en zinc suffisant
Le zinc est également important pour la synthèse des hormones thyroïdiennes, il faut veiller à éviter une carence. Les apports recommandés sont autour de 10mg/j chez l'adulte, mais peuvent être significativement augmentés en fonction de la consommation de phytates (composés présents dans les légumineuses et les céréales, et qui diminuent l'absorption du zinc).
Les aliments les plus riches en Zinc sont:
- Les huitres
- Le germe de blé
- Le crabe, la langouste
- Le bœuf
- La levure alimentaire
- Le son de blé
- Le sésame
Avoir un bon statut en magnésium, en fer, en tyrosine, en vitamines B, D, A et E
Qu'est-ce que c'est qu'un aliment goitrogène?
Une alimentation goitrogène contient des aliments qui peuvent entraîner la formation d'un goitre. Cet effet est dû à une diminution de l'absorption de l'iode ou à une augmentation de son élimination urinaire, ce qui conduit à un déficit d'apport en iode, le besoin en iode n'est donc plus satisfait. Ce déficit d'apport nuit au bon fonctionnement de la glande thyroïde. Ce qui peut conduire à un dysfonctionnement de la thyroïde ainsi qu’à une diminution de la production d'hormones avec mise en place d'une hypothyroïdie et des effets qui lui sont associés.
Quels sont les aliments goitrogènes à éviter pour le bon fonctionnement de la thyroïde?
On nous pose souvent la question "Quels sont les aliments à éviter en cas d'hypothyroïdie ?". Il existe en effet des aliments qui peuvent entraîner un mauvais fonctionnement de la thyroïde en diminuant la quantité d'iode disponible.
Pour un fonctionnement optimal de la thyroïde, surtout en cas d'hypothyroïdie fruste, il faut éviter:
- Les choux de Bruxelles
- Le chou-fleur
- Le chou frisé
- Le brocoli
- Le navet
- Le radis
- Le raifort
- Les graines de moutarde
- Le millet
- La patate douce
- Le manioc
- Le soja
- Concernant les crucifères (les choux), leur cuisson permet d'éliminer ou diminuer leurs effets goitrogènes.
- Il convient également d'éviter les sucres simples, les aliments à fort index glycémique ainsi que les aliments inflammatoires et acidifiants (gluten, produits laitiers, produits industriels, alcaloïdes...), les graisses saturées qui peuvent eux favoriser une porosité intestinale.
La phytothérapie et l’hypothyroïdie
Certaines plantes, associées une complémentation nutritionnelle adaptée peut aider à maintenir une bonne santé thyroïdienne, ex :
- Ashwaganda, bonne régulatrice de l’activité thyroïdienne, car elle augmenterait la production de T4
- Le Guggul ou myrrhe des Indes qui stimulerait l’activité de la thyroïde et favoriserait la conversion de T4 en T3
- Le Romarin (idem que le Guggul)
- Le Schisandra (stimulerait la conversion des hormones thyroïdiennes)
- Le Bacopa
- Le lierre grimpant
Conseils pour une thyroïde en bonne santé :
- Vérifier une carence éventuelle en micronutriments
- Lutter contre le stress chronique
- Diminuer le tabagisme
- Limiter la consommation d’alcool
- Lutter contre toute dysbiose et hyperperméabilité intestinale
- S’assurer d’un bon statut en vitamine D et vitamines B12 (une carence en Vitamine B12 est souvent constatée en cas d’hypothyroïdie)
- Soutenir son foie (en charge du recyclage et de l’élimination des hormones du corps) grâce à la prise des plantes comme l’artichaut, le chardon marie ou le desmodium.
- Soutenir d’autres glandes telles que les glandes surrénales pour qu’elles prennent le relais, grâce à la consommation de plantes adaptogènes telles que l’éleuthérocoque, ou encore grâce à des frictions des surrénale, chaque matin, en cure de 10 jours avec 1 goutte d’huile essentielle d’épinette noire ou de pin sylvestre dans une noisette d’huile vierge. + jet froid sur les surrénales après la douche chaude. (A éviter toutefois en cas de fatigue importante)
- Pratiquer des activités d’expressions : chant, poésie, musique…